MONOGRAPHIE
DES MARATS




— MEUSE —

Arrondissement de Bar-le-Duc


Monographie
de la
Commune des Marats
par M.RICHARD, Instituteur.




I. Nom et Etymologie

    Nom de la commune : En français : Marats (les)
avant 1789 : Marez ou Mareis
pendant la révolution : Marat.
Etymologie probable : Mare ou Marais.
Hameau qui en dépend : Marat-la-Petite.


II. Géographie

1°. Position de la commune. La commune des Marats est située dans la région Nord-Est de la France, à 2°52'21" de longitude Est et à 49°29'19" de latitude Nord, à une altitude de 264 M.
La distance à Vaubecourt, chef-lieu de canton, est de 10 Km ; à Bar-le-Duc, chef-lieu du département de 15 Km, à Nancy de 96 Km ; à Paris de 274 Km.

2° Limites et aspect du territoire. Son territoire est limité, au Nord, par ceux de Rembercourt-aux-Pots et d'Erize-la-Petite ; à l'Est par celui d'Erize-la-Grande ; au Sud par ceux de Condé-en-Barrois, Seigneulles et Rosnes, et à l'Ouest, par ceux de Condé-en-Barrois et Rembercourt-aux-Pots.
Le sol, calcaire et argileux, est très accidenté et découvert ; les coteaux, peu élevés, sont accessibles et cultivés sur tous les points.

3° Orographie. La commune des Marats est placée dans une vallée très étroite bordée de coteaux boisés au Sud et à l'Ouest, plantés de vignes au Nord et à l'Est, dont la direction s'étend du S-E au N-O. Ses principales altitudes sont : 264 M, 278 M et 281 M.

4° Hydrographie. La rivière de Chée a une de ses sources sur le territoire de la commune des Marats, au Levant, dans la prairie de Flavet et au bas des vignes de Ronfontaine ; elle coule de l'Est au Nord, puis se dirige ensuite à l'Ouest ; elle passe à Marat-la-Grande où se trouve un pont de pierre, pour la traversée de la route ; elle coule ensuite, à quelques mètres au Sud de Marat-la Petite et se rend de là à Condé-en-Barrois. Cette rivière va se jeter dans l'Ornain, dans le département de la Marne. Elle ne fournit ici d'autres poissons que des loches et des vérons.
      La fontaine de La Grosse-Saule prend sa source dans la prairie de La Hazatte, coule du Nord au Sud, et vient se rendre dans La Chée, après un trajet de 200 M, au dessous de Marat-la-Petite.
      Il y a aussi deux autres fontaines dans la commune, l'une à Marat-la-Grande et l'autre à Marat-la-Petite, dont les eaux se jettent dans La Chée après un trajet de quelques mètres ; celles-ci à l'usage des habitants, servent aussi à abreuver les bestiaux et à laver le linge.
      On compte 56 puits et une citerne dans la commune.

5° Géologie. Le sol du territoire est calcaire à la surface, et le sous-sol argileux.

6° Climat. Le climat de la commune, à cause de sa position dans une vallée très étroite, n'est pas salubre. Aussi y a-t-il toujours de nombreux malades. Les pluies y sont abondantes et les orages fréquents. Cependant il y tombe rarement de la grêle. De mémoire d'homme on ne se rapelle pas à quelle époque le territoire a eu à en souffrir. En Juillet 1873 un cultivateur a été foudroyé.

7° Flore et faune. Les principales plantes que l'on rencontre sur l'étendue du territoire des Marats sont : le trêfle, la luzerne, la minette, le sainfoin, le blé, l'avoine, l'orge, le seigle, la betterave, la carotte, le navet, la pomme de terre, les haricots, les pois, les choux, les oignons, les poireaux, les échalottes, les ails, la ciboulette, l'estragon, le melon, le cornichon, la laitue, le pissenlit, la chicorée, la doucette, les épinards, l'oseille, le persil, le cerfeuil, les radis, les raves, le colza, la navette, le chanvre, le lin, la cameline, la moutarde, les artichauts, les fraisiers, les framboisiers, les groseilliers, les poiriers, les pruniers, les pommiers, les cerisiers, les noyers, les pêchers, les abricotiers, les cognassiers, les noisetiers, les néfliers, le chêne, le hêtre, le charme, le bouleau, le saule, l'érable, le sapin, le peuplier, le rosier, le buis, etc., etc.
      Les principaux animaux qui vivent aux Marats sont : le cheval, l'âne, le mulet, le boeuf, les chiens, les chats, les rats, les souris, les moutons, les chèvres, les porcs, les poules, les canards, les oies, les dindons, les pigeons, les lapins, les cochons d'Inde, les lièvres, les renards, les loups, les sangliers, les hirondelles, les pierrots, les chardonnerets, les fauvettes, etc.

9° Population.

  Population Maisons Feux
En 1789 714 186 191
En 1850 508 143 148
En 1860 470 142 146
En 1870 418 138 141
En 1875 400 138 136
En 1881 404 127 130
En 1886 396 129 131

Comme on le voit, la population de la commune des Marats a été sans cesse décroissante. Cela tient à l'émigration des habitants vers Paris, et au choléra de 1832 qui a enlevé 94 personnes en 29 jours.
      Les maisons sont construites en pierre et couvertes de tuiles creuses et plates, quelques-unes même en ardoises.

10° Agriculture. La surface totale du territoire est de 676 Ha 05 A 17 Ca, affectés à chacune des cultures suivantes : céréales et autres farineux alimentaires 420 Ha ; cutures potagères et maraîchères 55 Ha ; prairies naturelles 40 Ha ; artificielles 135 Ha ; vignes 10 Ha ; bosquets 12 Ha ; friches 4 Ha 05 A 17 Ca.
      L'assolement des terres est toujours triennal ; elles se cultivent facilement avec une charrue attelée de 3 chevaux. La partie d'assolement destinée aux jachères est aujourd'hui presque entièrement ensemencée en pommes de terre, trèfles, luzernes, sainfoins, pois, gravières, betteraves, carottes et navets. On cultive très peu les plantes oléagineuses, telles que le chanvre, le colza, la cameline, etc.
      Les propriétés ne sont pas trop divisées ; les jardins potagers et vergers sont situés près des habitations.
      Les principaux instruments agricoles sont : la charrue, la herse, les rouleaux en bois et en fonte, la houe, le scarificateur, le semoir mécanique, la faucheuse, la rateleuse et les outils, bêches, fourche, hoyau, etc.
      Les produits agricoles consistent en blé, avoine, orge, seigle, pomme de terre, betterave, prairies artificielles et naturelles et vin.
      On récolte annuellement environ 6500 Hl de céréales, 2500 Qx de pommes de terre, 4000 Qx de betteraves, carottes et navets, 12500 Qx de luzerne, trèfle et sainfoin, 2500 Qx de foin et regain, 300 Hl de vin.
      La commune des Marats possède 106 chevaux, juments et poulains, 21 boeufs, 113 vaches, 78 borillons, génisses et veaux, 508 moutons, 123 porcs et 5 chèvres qui tous sont élevés par les propriétaires. Elle produit en moyenne 2100 Hl de lait, 8 Qx de laine, 1000 Kg de miel et 250 Kg de cire.
      Les habitants se nourissent ainsi que leurs animaux avec les produits de l'agriculture. Le confortable est frugal mais bon et abondant.

Année Céréales
et
autres farineux
Cultures
potagères
et
maraichères
Industrielles Prairies
naturelles
Prairies
artificielles
Vins
  Hectolitres Quintaux   Quintaux Quintaux Hectolitres
1800 " " " " " "
1850 " " " " " "
1860 6109 6380 " 2750 12390 690
1870 4405 4765 " 2540 13240 450
1880 7665 6920 " 2800 13870 120
1887 6275 6500 " 2490 12325 480


11° Industrie. La majeure partie des habitants qui ne sont pas cultivateurs se livrent à une industrie particulière à la localité, c'est la fabrication des briques non cuites, mais désséchées au soleil : elles sont excellentes pour la construction des fours. Les produits s'expédient, non-seulement dans tous les environs, mais aussi dans les départements voisins. Il existe aussi d'autres professions patentables, telles que celle de : aubergiste, boucher, bourrelier, charpentier, cordonnier, émouleur, épicier en détail, maréchal-ferrant, maçon, menuisier, tailleur tisserand, tonnelier, distillateur et marchand de vins en gros. On remarque surtout une distillerie agricole mue par la vapeur.

12° Commerce. L'excédent de production est vendu aux commercants de Bar-le-Duc pour approvisionner le marché de cette ville.
      Les principales voies de communication sont : 1°/ le chemin d'intérêt commun, N°16 de Bar-le-Duc à Erize-la-Petite ; 2°/ le chemin N°48 des Marats à St-André ; 3°/ le chemin N°55 de Louppy-le-Château à Rosnes ; 4°/ le chemin vicinal ordinaire des Marats à Erize-la-Grande.

13° Administration communale. La commune est administrée par un conseil municipal de dix membres parmi lesquels on distingue un maire et un adjoint.
      Elle possède une église, un cimetière, un presbytère, une école de garçons et une de fille situées entre les deux hameaux, à 300 M de Marat-la-Grande et à 700 M de Marat-la-Petite.

14° Conditions hygiéniques de la localité. Comme il a été dit ci-devant, par suite de sa position dans une vallée très étroite et assez profonde, la commune n'est pas saine. Les maisons sont bâties sur un sol sourceux ; les rues sont sales et bordées de fumiers ; les jardins potagers sont souvent inondés. Il y a toujours beaucoup de personnes dont la santé laisse à désirer. Le choléra y a fait son apparition en 1832 et en 1854 et a décimé la population. La phtisie pulmonaire y moissonne beaucoup de jeunes gens adultes.

III. Histoire

1° Origine de la commune. Il n'y a rien dans les origines de la commune qui indique l'époque probable de l'origine de la commune des Marats. En 1840 un particulier faisant travailler aux fondations d'une maison qu'il voulait construire à Marat-la-Petite, rencontra à un mètre de profondeur, sous le sol d'un verger planté de vieux arbres, des traces d'anciennes constructions ; on remarqua un âtre de feu bien conservé, divers ustensiles tels que pot-en-fer, serpette, hoyau, etc. Il ne s'est trouvé parmi ces débris aucune monnaie propre à donner des renseignements sur l'origine de ces substructions. Dans les chenevières adjacentes on reconnait facilement l'emplacement d'anciennes constructions ; le sol est couvert de débris de tuiles et d'autres matériaux qui semblent appartenir au moyen-âge.
      Suivant une tradition constante, les deux Marats, distants l'un de l'autre d'un kilomètre, ne formaient qu'une seule localité autrefois, et se sont trouvées divisées par suite d'un incendie qui aurait détruit les maisons construites sur le terrain qui les sépare.
      Pendant la guerre franco-allemande de 1870, la commune des Marats a été occupée les 23, 24, 25, 26, 28, 29, 30 Août et 13 7bre 1870.
      Le montant des pertes causées par l'invasion, arrêtées par la commission centrale instituée pour la fixation définitive des pertes, a été fixé à 42.694 Fr.

2° Le livre d'or de la commune. MANSUY Nicolas, savant prémontré dont on possède quelques ouvrages, est né aux Marats le 7 Octobre 1690. On ignore l'époque de sa mort qui dit avoir lieu dans la seconde moitié du siècle dernier. Nicolas MANSUY vivait encore en 1769.

3° Instruction. L'instruction est peu développée chez les habitants des Marats en général : il y a certainement des exceptions ; mais la plupart savent à peine lire, écrire et compter pour leurs besoins journaliers. On compte plusieurs illettrés. La majeure partie des habitants parlent patois.
      Avant 1850, la commune n'avait pas de maison d'école ; elle louait une maison particulière pour le logement de l'instituteur qui y réunissait les deux sexes. Les assemblées municipales avaient lieu chez le maire, au domicile duquel étaient déposées les archives à défaut de mairie. Aujourd'hui il y a une école de garçons et une école de filles dirigée par une institutrice laïque.

4° Usages de la vie privée et publique. En général l'intérieur des maisons de la commune sont bien tenues et meublées confortablement. Le costume des habitants est simple ; leurs repas sont frugaux.
      On compte en moyenne 10 naissances 4 mariages et 12 décès par an.
      La principale distraction des hommes et des jeunes gens est l'auberge, où ils jouent aux cartes et au billard. On danse rarement, si ce n'est à la fête patronale, (St-Médard, le 8 Juin) et à l'occasion d'un mariage.
      Les rapports entre habitants, voisins ou parents laissent à désirer : il y a souvent des chicanes ou des procès.


Aux Marats, le 22 Xbre 1888.
L'Instituteur.


N.D.L.R : La transcription a été faite en respectant scrupuleusement l'orthographe de l'instituteur.





Retour aux monographies